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Kinshasa, le 06 mars 2024
Une équipe de l’Inspection Générale des Finances (IGF) a débarqué ce lundi 4 mars au siège de l’Office National d’Identification de la Population (ONIP) avec comme mission l’encadrement des opérations financières relatives au fonds payés par le Trésor Public dans les deux comptes de l’ONIP logés à la SOFIBANQUE. Cette mission coïncide comme par hasard avec une lettre incendiaire écrite par Mme le DGA Colette Gobo à M. Stanislas Kenza Lukengu, DG intérimaire depuis la suspension sans véritable fondement du DG Ricard Ilunga Ntumba. On pourrait y revenir.
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Un contrat aux contours flous
Sans doute, alléchés par l’odeur d’un scandale en cours, les inspecteurs des finances voudraient voir clair dans la signature et la gestion du contrat entre l’ONIP et Afritech/IDEMIA pour la production et la délivrance de la Carte d’Identité Nationale. En effet, l’ONIP, par la signature du DG a.i., a signé avec IDEMIA un contrat qui enchaîne la RDC pour 20 ans avec cette structure ; un contrat qui s’élève à plus d’un milliard de dollars, un montant qui interroge dans la mesure où les experts de l’ONIP avaient estimé à moins du tiers les opérations d’identification de la population.
Ce chiffre astronomique interroge d’autant plus qu’il a été défini avant le Plan opérationnel qui doit conduire le processus d’identification et d’octroi de la carte d’identité. Ce plan est actuellement en cours de finalisation. Personne ne peut dire à ce jour ni le nombre de machines nécessaires, ni leur coût. Par ailleurs, le contrat donne à IDEMIA pendant 20 ans le tiers de toutes les recettes qui seront générées par le Fichier Général de la Population.
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La colère de Mme le DGA
En 12 mois d’exercice intérimaire, Stanislas Kenza Lukengu n’a jamais convoqué une seule réunion du Comité de gestion. Seul maître à bord, il décide de tout avec l’appui de sa concubine qu’il a élevée au rang de sous-directeur avec comme fonction de Directeur de Cabinet. En fait, c’est cette dernière qui a le dernier mot sur tout ce qui concerne le personnel : qui peut être promu ou qui peut aller en mission de service.
Dans une lettre adressée au DG intérimaire, Mme le DGA Colette Gobo Kpademogo, sentant le navire chavirer, dénonce avec véhémence la gestion calamiteuse de Kenza Lukengu. Elle parle notamment d’une « régression dangereuse caractérisée par une opacité criante dans le mode de fonctionnement », de la « mise à l’écart de l’ensemble du personnel », du « blocage des rémunérations de certains agents sans aucune concertation », de « l’octroi des missions de service permanentes ». Madame le DGA déplore aussi, dans sa correspondance, le fait que M. Kenza n’implique pas toutes les ressources humaines et l’expertise dans l’entreprise dans le travail en cours.
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Le chambardement du personnel
Au terme d’un communiqué du Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat le 20 février dernier, ce dernier fait état d’une instruction claire qui interdit aux dirigeants des Services, Etablissements et organismes publics de procéder jusqu’à nouvel ordre aux recrutements, nominations, promotions et mouvements du personnel à tous les niveaux. A l’ONIP, le DG a.i. Kenza fait fi de cette disposition. Il vient d’ailleurs de procéder au limogeage et à l’engagement de certains agents. D’autres ont tout simplement été rétrogradés. Toute l’administration est foulée aux pieds.
A ce propos, il faut noter que le DG a.i. a privatisé les sceaux officiels de l’entreprise qu’il garde jalousement dans son bureau. De la sorte, il initie du courrier et des ordres de missions que lui seul connaît.
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Le système Ngulu tourne à plein régime
Alors que la majorité des travailleurs est mise à l’écart, le staff de l’ONIP est scandalisé d’apprendre que sur les listes des missions de service, il y en a beaucoup ces derniers jours.
Par BCD