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Kinshasa, le 11 février 2025
Hier président de la Commission Électorale Nationale Indépendante, une institution d’appui à la démocratie qui joue un rôle crucial dans l’organisation, la gestion et la supervision des élections nationales et locales, Corneil Nangaa est devenu, contre toute attente, un rebelle porté par le régime sanguinaire de Kigali.
Un pseudo libérateur qui extermine le même peuple
“ Libérateur” autoproclamé des congolais, Nangaa a pourtant fait coulé le sang de plus de 3000 personnes en seulement sept jours suite à l’assaut de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC) , une coalition politico-militaire portée par le mouvement rebelle M23 et son parrain rwandais, à Goma le 27 janvier 2025. Outre la chute du chef-lieu de la province du Nord-Kivu, le pseudo libérateur a orchestré une incursion durant laquelle de violents combats entre le M23 et les forces armées de la République Démocratique du Congo ont causé un carnage humain jamais connu et entraîné une catastrophe humanitaire dans précédant. Avec les dégâts lui infligés par Nangaa et ses alliés, la ville Goma mettra, certes, plusieurs années pour refléter son image d’antan. Seulement, les conséquences humanitaires sont énormes et l’on craint la résurgence de plusieurs épidémies.
La métamorphose de Nangaa, une est pilule amer à avaler par les congolais
De patron de la CENI à un rebelle sanguinaire, Nangaa a surpris tout le monde. Pourtant, son parcours à la tête de la centrale électorale de la RDc était déjà marqué par des scandales. Ce qui explique le réveil d’un prédateur qui faisait semblant de somnoler.
Sanctionné en 2018 par l’OFAC (Trésor américain) pour corruption et sabotage du processus démocratique en RDC, Nangaa avait vu ses avoirs gelés et ses comptes paralysés par la mise à l’index de Washington. Selon le Trésor américain, sous la direction de Nangaa les dérives suivantes ont été observées à la CENI:
- 100 millions $ ont été détournés via la surfacturation des machines à voter. Une machine coûtant 400 $ a été facturée à l’État congolais pour 1500 $;
- Des pots-de-vin ont été distribués pour financer la campagne du candidat de Kabila à la présidentielle et ceux des législatives.
Un frustré qui fait passer ses intérêts personnels au détriment de la nation
Après les élections de 2018, Nangaa proclame l’opposant Félix Tshisekedi Président de la République avec 39%, devant Martin Fayulu, un autre opposant avec 35%. Le candidat de la majorité et dauphin du Président sortant Joseph Kabila , Emmanuel Shadary occupe la 3e place avec 24%. Le Congo célèbre sa toute première alternance pacifique à la tête du pays, et Nangaa joue sa partition pour son positionnement.
Dans le but s’assurer ses arrières, il favorise l’élection de sa femme comme député provinciale et son frère est nommé gouverneur de Haut-Uelé. Il convoite la primature mais Tshisekedi ne branche pas.
Toujours dans sa quête éternelle du lucre, ce rebelle investi dans le secteur aurifère, obtenant des permis miniers prometteurs non loin de sa région natale.
Selon certaines bouches, en 2022, les titres miniers de Nangaa ont été rachetés par des proches du Président Tshisekedi moyenant 20 millions de dollars; des allegations rejetées en bloc par le rebelle qui avait crié à la spoliation de ses biens. Ce qui envenime les tensions entre Nangaa et le régime en place. Celui-ci annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2023 pour “chasser” Tshisekedi. Mais cette démarche n’aboutit pas.
Une quête déplacée du pouvoir qui ouvre les portes de Kagame à Nangaa, pour faire front contre Tshisekedi
Telle une marionnette, Nangaa va se réfugier entre les mains du Président rwandais Paul Kagame, une cannibale attitré qui lui octroie son armement sous couvert de la coalition AFC-M23. La soif de “vengeance” du rebelle Nangaa a juste révélé la vraie identité d’un homme qui a hypothéqué toute une nation pour ses intérêts égoïstes.
Aujourd’hui, avec le carnage historique de Goma et le déluge humanitaire entraîné, Nangaa peut-il vraiment convaincre le monde qu’il se bat pour une cause noble ? Tout saut ça.
Que la Cour Pénale Internationale se saisisse de ce diable et que la Communauté Internationale s’active pour la libération de tous les espaces congolais occupés par Nangaa et ses alliés.
Dominique Prevoste Mulamba, le journaliste motivateur