Kinshasa, le 16 juillet 2024
Depuis quelques semaines, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social –UDPS- est au gré des vagues. Le parti présidentiel est secoué par une crise qui risque, si l’on n’y prend garde, de provoquer son implosion, ou simplement sa disparition. La tourmente a atteint un niveau tel que les cadres s’expriment, soit par lettre publique ou conférence de presse, pour soutenir ou désavouer le président intérimaire du parti. Le lundi 16 juillet, un groupe de combattants a tenté même fermer à cadenas le bureau de la permanence du parti situé sur la dixième rue du petit boulevard Lumumba, au quartier résidentiel de la commune de Limete.
Deux camps, les pro ou les anti-Augustin Kabuya, Secrétaire général du parti s’opposent farouchement. Comme l’on devait s’y attendre, cette situation préoccupe plusieurs cadres qui considèrent l’UDPS comme un patrimoine national, à sauvegarder à tout prix. C’est, entre autres, mon cas, Grégoire Mbanza Mundongo, député national élu de Tshikapa-Territoire, dans la province du Kasaï. J’assume également les fonctions de secrétaire national rapporteur adjoint du parti. Dans cette tribune, je me propose d’analyser les causes de cette crise qui ne date pas d’aujourd’hui, et propose quelques pistes de solutions.
Des courants contradictoires
Sans aller par quatre chemins, je révèle qu’il existe actuellement quatre courants contradictoires au sein de l’UDPS, à savoir le courant composé des membres de la diaspora et de la famille biologique du chef de l’Etat Félix Tshisekedi; le courant des leaders religieux; le courant dirigé par le Secrétaire général Augustin Kabuya, et le courant des anciens cadres du FCC,des anciens friqués.
De ces quatre courants, les trois exercent une réelle influence sur le président de la République dans sa gestion du pouvoir. Cela est connu de tous. Car, dès l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir, de nombreux membres de la diaspora se sont rués sur des postes dans toutes les institutions, en faisant croire qu’il n’existe pas des compétences à l’UDPS. Ce qui, pour les combattants, est une insulte dans la mesure où des têtes bien faites et bien formées existent bel et bien dans notre parti.
Malheureusement, ce sont ces trois courants, très actifs, qui influent très souvent dans le choix de personnes qui n’ont pas combattu ou ayant quitté leurs anciennes formations politiques, pour des nominations à des postes de responsabilité. Conséquence: 60% de personnes nommées dans les institutions nationales ne sont pas des membres du parti. Cette situation fait qu’à ce jour, l’UDPS ne dirige pas, à l’exception du premier vice-président à l’Assemblée nationale, et il en serait de même avec le Sénat. Les anciens Mobutistes et Kabilistes ont envahi l’UDPS par le biais des mosaïques affiliées, au point qu’ils ne sont jamais contrôlés et ne se soumettent pas à l’autorité du Secrétaire général.
Dès lors, les combattants qui se disent délaissés, oubliés, rejettent la faute sur le Secrétaire général, Augustin Kabuya, ne sachant pas que celui-ci subit souvent les décisions ainsi prises. Par ailleurs, les dispositions du statut de l’UDPS, à l’époque parti d’opposition et non de pouvoir, qui concentraient la gestion entre les seules mains du président et du secrétaire général, ne correspondent plus du tout aux réalités du moment. C’est donc l’ensemble de ces facteurs qui expliquent, à mon humble avis, la crise qui a culminé par le désaveu du président intérimaire par plus de 30 secrétaires nationaux à travers un communiqué commun le désavouant et réclamant son départ de ce poste.
Convoquer le congrès : une impérieuse nécessité
Dès lors, pour éviter des crises récurrentes au sein du parti ayant causé le départ, dans l’humiliation des anciens secrétaires généraux, notamment Remy Massamba, Alexis Mutanda, Phongo, Jacquemain Shabani, Mavungu, moi député national Grégoire Mbanza Mundongo, j’estime que la convocation du congrès s’avère d’une impérieuse nécessité. Ces assises auxquelles devraient prendre part toutes les cellules du parti, auraient quelques principales missions, à savoir réviser le statut du parti, rétablir une gestion collégiale et démocratique; mettre en place un cadre de réconciliation et d’unité.
Dans cette optique, il serait souhaitable que soient créés d’autres postes, en particulier celui de Secrétaire général, de Secrétaire permanent secondé par des secrétaires nationaux ayant pour rôle de diriger les quatre zones linguistiques du pays. Ce congrès devrait déboucher, je pense, sur une profonde restructuration de l’UDPS, de manière à lui redonner le dynamisme qui lui fait défaut actuellement en vue de mieux servir de fer de lance aux actions que le chef de l’Etat est appelé à mener au cours de son second, quinquennat pour relever divers défis qui se dressent à l’horizon de notre pays.