Kinshasa, le 13 novembre 2024
La République Démocratique du Congo souffre de plusieurs maux chroniques qui plombent le processus de son émergence. C’est la cas de la politisation à outrance de l’administration publique et son instrumentalisation par certains décideurs du pays. Eh bien! Chaque Ministre qui arrive à la tête d’un ministère veut absolument contrôler les services techniques sous sa tutelle, en y plaçant ses hommes, même s’ils n’ont pas de profils requis.
Du népotisme honteux à l’Inspection Générale de l’Education Nationale
Depuis le 15 octobre 2024, on a placé au poste d’Inspecteur Général de l’Education Nationale une personne détentrice d’un diplôme d’Etat ( un D6), avec un parcours claire-flou comme enseignant ou inspecteur de l’enseignement. Pourtant, son prédécesseur, Jacques Odia Musungayi est un chevronné tout fait, qui a tout donné pour en arriver là.
Enseignant debout au départ, il a, grâce à son assiduité et la qualité de son travail, graduellement gravit tous les échelons de responsabilité au sein de l’enseignement primaire, secondaire et technique en assumant les charges de Directeur d’études Préfet des Etudes, Inspecteur Itinérant…
Muté à Mbandaka dans la Province de l’Equateur, Jacques Odia Musungayi est nommé Chef d’Etablissement d’un important complexe scolaire dans cette ville.
En 1995, il participe au concours de recrutement des inspecteurs. En attente des résultats du concours, il rentre à Kinshasa, après avoir perdu son poste de Chef d’Etablissement à Mbandaka suite à cette politique des originaires au sein de l’administration publique.
Comme il ne voulait pas rester sans travailler, il prendra de nouveau la craie comme enseignant debout dans quelques écoles secondaires, avant d’être finalement admis, en 2000 dans le corps des inspecteurs de l’EPST, en qualité d’Inspecteur Itinérant.
Lors du régime 1+4, Gustave TABEZI, qui a connu Jacques Odia Musungayi à Mbandaka comme un Chef d’Etablissement très compétent, devient Ministre de la fonction publique au sein du Gouvernement de transition. Vu son expertise et son expérience dans ce domaine, ce Ministre va le nommer comme son Directeur de Cabinet de 2003 à 2005.
C’est à ce titre que le Ministre Gustave TABEZI va charger son nouveau Dircab de piloter les négociations de Mbudi à Kinshasa entre le Gouvernement et le banc syndical de l’administration publique et interprofessionnels; lesquelles négociations ont d’ailleurs donné naissance au fameux barème de Mbudi.
Aussi incompréhensible que cela puisse paraître, c’est cet homme qui a donné de son expertise et de son savoir-faire que d’aucuns voudraient, pour des considérations politiciennes, jeter en pâture, alors même que la nation a encore grandement besoin de cette éminence grise pour veiller à la qualité de l’enseignement dispensé aux enfants congolais, pour un avenir radieux du pays.
Une expertise avérée sacrifiée au profit d’un charlatan
Pour amener l’opinion à mieux comprendre que la mise à l’écart de cet inspecteur de carrière constitue une faute politique grave, il importe de préciser que Jacques Odia Musungayi représente 37 ans d’expérience dans l’enseignement, dont 13 comme enseignant dans plusieurs écoles à travers le pays et 24 comme inspecteur et Chef de ce corps depuis mai 2021 jusqu’à son départ le 16 octobre 2024.
En tant que chef de corps, il a consacré trois ans de bons et loyaux services à la nation, au cours desquels il a œuvré à l’amélioration de la qualité de l’enseignement pendant cette période difficile de mise en place de la gratuité de l’enseignement au niveau primaire, décidée par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Très proactif comme inspecteur, l’expérimenté Odia Musungayi a travaillé avec les Ministres Musafiri, Maker Mwangu, Musemena,Okundji, Bakonga, Tony Mwaba et Raissa Malu. Avec cette dernière, il a collaboré en parfaite harmonie dans l’organisation réussie des récentes épreuves de TENAFEP et de l’examen d’État 2023- 2024.
En guise de rappel, l’Inspection Générale de l’Education Nationale est un service technique de ce ministère, chargé de la formation, du contrôle et des évaluations certificatives. il s’agit donc d’un organe hautement spécifique dans ce domaine qu’on ne peut laisser entre des mains inexpertes.
Loin d’être irremplaçable, l’ancien IG méritait un successeur à sa trempe, plutôt qu’une personne sans profil ni parcours professionnel avérée. Cela constitue un danger non seulement pour l’avenir de nos enfants, mais aussi et surtout de notre pays, la République Démocratique du Congo.
D’où, notre voeu de voir les critères de compétence, d’éthique professionnelle et de moralité considérés à chaque nomination des fonctionnaires à la tête des services publics, et non des irrationnels axés sur des critères subjectifs.
Nous y reviendrons.
La rédaction